jeudi 1 mai 2014

Ulysse

                Ulysse aux milles ruses - Yvan Pommaux



L'auteur




"  Le 13 septembre 1946, je nais à Vichy, dans l'Allier. Maman m'emmène au parc. Tous les jeudis, je vais au Lux. Tous les dimanches, je joue au rugby. Tous les jours, je dessine. En 1964, j'échoue au baccalauréat. Je vais aux Beaux-Arts, puis je travaille comme maquettiste chez un installateur de magasins. Ce sont les années " Formica ". Je " monte " à Paris, où j'exerce divers petits métiers. Me voilà bientôt maquettiste à l'école des loisirs. En 1972, je pars en Touraine et deviens auteur-illustrateur indépendant. J'écris, je dessine et Nicole met en couleurs. Nous avons une fille, nous nous marions, nous avons une autre fille et nous créons de nombreux livres et bandes dessinées. "   Yvan Pommaux


Source : http://www.ecoledesloisirs.fr/php-edl/auteurs/fiche-auteur-nvo.php?codeauteur=227





Le livre d'Yvan Pommaux nous propose une mise en abîme dans laquelle un père raconte à ses deux enfants les récits héroïques et mythologiques du héro Ulysse.



Ce que j'ai particulièrement apprécié dans ce récit c'est la présence d'images qui permet au lecteur de visualiser certaines scènes, de compléter ce qu'il imaginait. Mentionnons aussi que le récit est conté de manière simple ce qui permet aux non-initiés de comprendre l'histoire sans trop de difficulté.
 Quoique, si je devais nommer un élément qui m'a un peu dérangé, ce serait la double mise en abîme. En effet, quand Ulysse raconte son histoire au roi Alkinoos, nous plongeons à nouveau dans l’histoire d'une histoire mais lorsque l'on revient à la surface, il est un peu déstabilisant de renouer avec le récit dans lequel nous nous étions arrêtés pour vivre le flash-back. Mais ceci n'est qu'un détail.

Un autre aspect que j'ai vraiment apprécié est la présence d'un index des noms propres à la fin du récit (qui permet de mieux comprendre le récit lorsque certains noms ne nous sont pas familiers) et surtout, la présence d'une carte qui nous permet de comprendre dans quels lieux se trouvait le héros (les noms étant différents de notre époque !).



NB: ceci n'est pas la carte présente dans le livre mais elle y ressemble. Je voulais mettre en avant le fait que malgré mes croyances d'enfant, l'aventure ne se déroulait pas dans le monde entier mais sur une petite part de celui-ci. En effet, le récit ne concerne que les mers Ionienne, Adriatique et méditerranéenne. 











Du vocabulaire

Tout au long de ma lecture, j'ai pu remarquer qu'il y avait de nombreux mots  qui auraient pu être mis en note de bas de page car ils peuvent poser problème. J'ai donc décidé de recréer un lexique dans ce blog pour gagner du temps si je décide de retravailler avec cet ouvrage dans le futur.

p8 un aède :
un artiste qui chante des épopées en s'accompagnant d'un instrument de musique
p12 des nobliaux: noble de petite noblesse ou de noblesse douteuse.
p15 "une lame (mer) : une grosse vague
p17 des ablutions : est une purification rituelle de certaines parties du corps avant certains actes religieux par l'eau
p17 le port altier : une attitude qui semble marquer une supériorité de la part de celui qui l'adopte.
p18 frapper d'estoc : Estoc est le nom d'une arme blanche destinée uniquement à frapper « d'estoc », avec sa pointe.
p21 desclaies: Panier fait de brins d’osierplatlong et largeselon l’usage que l’on en fait
p29 un dix-cors :cerf âgé de sept ans et portant cinq mini-cornes sur chacun des bois  
p31 une bauge : une habitation extrêmement sale 
p33 un promontoire : une masse de terre élevée qui domine une autre étendue terrestre ou une étendue d'eau
p39 des arpèges:  une série de notes émises successivement et qui formeraient un accord si elles étaient jouées simultanément
p42 UN Fétu : un brin de paille /  comme quelque chose de très léger, de poids insignifiant.
P45 un esquif :  Embarcation légère
p48 sa garrigue :  formation végétale caractéristique des régions méditerranéennes, proche du maquis.
p54 des javelines  : une arme de jet légère, semblable à une lance ou à un javelot raccourci.
p58 être éhonté :  Scandaleux, qui n'a pas honte
p66 être impie:  qui offense la religion ou qui s'en désintéresse; antireligieux, athée.

Mythologie et modernité - Un attrait pour les jeunes

Il est indéniable que les récits légendaires relatifs à la mythologie greco-romaine fascinent les jeunes en raison de leur potentiel imaginaire. Nous pouvons constater que ces récits sont de plus en plus adaptés au grand écran et destinés à renouer les jeunes avec les récits parfois oubliés.
C'est par exemple le cas de la saga Percy Jackson , série issue de romans écrits par Rick Riordan. Le premier tome a rapidement été adapté au cinéma et ceci a entraîné un regain pour la lecture des récits mythologiques chez les jeunes. Ceux-ci peuvent aisément rêver en imaginant un monde semblable au leur où la magie est toujours présente. La distanciation avec les récits de base est donc réduite et le jeune spectateur se sent davantage attiré par le film puis par la suite des aventures livresques. Ceci peut même l'amener à retourner aux sources pour lire les versions sources de ces récits.
Bien sûr, les adaptations cinématographiques restent destinées à faire du chiffre mais nous avons parfois de très bons scénarios pour la jeunesse. Par exemple, le deuxième film de Percy Jackson où les événements relatifs à Ulysse sont présents (à la fin de la bande-annonce, on peut voir Charybde).

 



D'autres adaptations, plutôt réservées aux adultes car le film est plutôt centré sur les scènes de violence et les actions que sur l'apport culturel.
Ci-dessous, la bande-annonce de La colère des Titans avec pour objet principal, la bataille entre un héros et les titans libérés de leur prison du Tartare.







Enfin, une référence connue par presque tous les enfants : Hercule de Disney qui aura permis, dès le plus jeunes âge, d'être familiarisé avec un univers de créatures et de légendes grecques.






Il est donc possible d'aborder la littérature antique avec les jeunes à condition de partir de ce qu'ils connaissent déjà et pourquoi pas, confronter leurs représentations, celles que le cinéma leur apporte, avec la littérature puis les récits-sources. Je pense que ce thème est très riche, culturellement parlant, et permet de travailler l'imaginaire de chacun qui peut parfois faire défaut lors des rédactions dans d'autres contextes. Cependant, il faut l'introduire petit à petit pour ne pas tomber dans le piège que tendent souvent les élèves : "C'est vieux, ça ne nous intéresse pas."


vendredi 25 avril 2014

Junk


                                 Junk - Melvin Burgess


Mes premières impressions avant lecture

Je le sens mal, je le sens mal, je le sens mal, je le sens mal,.... Sur mon livre, une charmante photo un peu floue avec une demoiselle punk (je décrète qu'elle est punk car, comme la plupart du peuple, je qualifie de punk tous les jeunes qui portent des piercing et se teignent les cheveux.     ...... Note à moi-même : ne plus me teindre les cheveux et enlever mes piercings.) en train d'ouvrir une seringue au premier plan et donc élément capital. Donc à moins de se faire un nouveau piercing seule avec cette foutue seringue, ça pue la drogue et qui dit drogue dit injections et sang; or, moi, ça me fait tourner de l’œil rien que de l'imaginer.



Le titre, Junk, ne me fait penser....à rien....jamais entendu.... si je déforme un peu ça pourrait faire jungle donc sauvage ? Une mini recherche s'impose.

L'ami Reverso ne traduit pas le mot mais l'idée. Il s'agirait d'un adjectif signifiant n'importe quoi, risqué,.... Nous l'aurons compris, rien de bien positif. 

Mon pré-avis sur le livre : Je ne vais pas aimer, on va parler de comportements à risques avec la drogue et nous raconter l'histoire d'une fille punk (Junk, c'est peut-être son prénom...).

Bref, souhaitez-moi bonne chance!


L'auteur

Melvin Burgess est né à Londres. Après avoir quitté l'école à l'âge de dix-huit ans, il commence une carrière de journaliste. Il commence à écrire vers l'âge de vingt ans, mais il doit attendre une quinzaine d'années pour voir son premier livre publié. Il est aujourd'hui considéré comme l'un des meilleurs écrivains contemporains pour la jeunesse de langue anglaise.

Source-Url :
http://www.ricochet-jeunes.org/auteurs/recherche/1652-melvin-burgess

Je fouille et farfouille car j'aimerais savoir si l'auteur était aussi drogué étant jeune et je trouve ceci :
 
Le bras de la Justice a retroussé ses manches et fichu une trouille à l'éditeur de Melvin Burgess, qui aura finalement refusé la parution de son nouveau livre, racontant des histoires de sexe entre mineurs et les aventures de jeunes ados héroïnomanes.

Ce nouveau roman, Nicholas Dane, angoisse en effet trop pour que la publication soit possible, et l'éditeur redoute une avalanche d'actions en justice coûteuses s'il venait à prendre ce risque... Une situation que nous avions déjà évoquée, et qui frappe de plus en plus les éditeurs.

« Je me suis toujours demandé : “Est-ce toi dans ce livre ?” », s'interroge Burgess. Et si les mémoires ne se vendent pas aussi bien que la fiction traditionnelle, les histoires avaient ce goût d'interdit qui pouvait en faire un véritable succès. 

Cependant, le livre serait tombé sous le coup de la Convention européenne des droits de l'homme, et plusieurs personnes évoquées dans le livre auraient pu prendre mal et poursuivre en justice auteur et éditeur. Burgess y est en effet assez cru avec ses souvenirs. « Il s'agit de ce que j'ai vécu et connu lorsque j'étais ado - mes amis, avec lesquels j'ai fumé des joints... des jeux du genre 'tu me montres les tiens, je te montre les miennes' et des trucs dans le placard à balai », ajoute Burgess.

Mais certains peuvent aujourd'hui être devenus membres du parti conservateur, ou avoir une vie de famille, ou être devenus de vénérables grands-parents... Seules solutions : prendre contact avec tout le monde et demander la permission de les évoquer dans le livre. Ou alors, fictionnaliser et dissimuler les noms, afin qu'ils ne puissent pas être identifiés. Mais Burgess ne cède sur aucune des options. Et finalement, il craque et remanie l'ensemble.

Pour apprendre que son éditeur refuse finalement le livre. Et qu'il se mette à chercher une autre maison. Toute la valeur de l'autobiographie se retrouve mise en cause dans cette histoire...

Sources : Guardian , , URL : http://www.actualitte.com/justice/sexe-drogues-et-ados-l-editeur-de-melvin-burgess-craint-la-justice-11034.htm 

Je suis satisfait. Ce que je n'aime pas, c'est qu'un auteur parle d'un problème chez les jeunes qu'il n'a pas vécu, qu'il ne connait pas. Ici, on sous-entend quand même que Melvin Burgess a connu la situation, il pourrait savoir de quoi il parle. Bien sûr, je ne lui jette pas la pierre pour avoir fumé des joints, je voulais simplement que ses récits soient empreints de faits. On passe à la suite ? 





Après lecture


C'est un véritable problème pour moi que de rédiger mon avis. Je ne peux pas dire que j'ai aimé ni que j'ai détesté. Si je réfléchis, je me dis que ce livre me fait peur, m'inquiète. Je me suis quelquefois forcé à poursuivre ma lecture car ce que l'auteur racontait me dégoûtait tout simplement (notamment les passages d'overdoses et particulièrement celle de Lily). Je pense que ce qui me démange c'est que ce livre soit un livre pour la jeunesse mais au sens large... J'ai envie qu'il soit mis sur la première de couverture Interdit au moins de 16ans car cette oeuvre me semble trop dure pour un jeune lectorat. Les événements et les ressentis sont parfaitement bien décrits mais c'est trop hard.

Donc je dirais que j'ai bien aimé ce livre en tant qu'adulte même si certains aspects m'ont mis mal à l'aise mais que je ne pourrais pas conseiller ce livre à des jeunes (donc pas dans le premier degré) , question de sensibilité.
Maintenant, il faut aborder le problème de la drogue et des risques avec les plus jeunes car ils sont de plus en plus précoces mais ce livre me parait être une voie trop brute. J'ai l'impression que si je leur fait lire ce livre, je peux aussi leur faire voir le le film Requiem for a dream ( qui parle des mêmes thèmes à savoir : la drogue, la descente aux enfers, les cures de désintoxication, le sexe,..).

Un procéder narratologique qui m'a plû


L'histoire est racontée au travers de plusieurs narrateurs; principe de la polyphonie. En effet,nous traversons l'histoire de chapitre en chapitre en passant par diverses voix, diverses opinions, diverses perceptions. J'ai trouvé que c'était vraiment intéressant car on pouvait en apprendre plus sur certains personnages alors qu'ils ne sont pas au premier plan dans le récit (exemple la maman de Gemma, le papa de David-Nico , Skolly,...). Grâce à ce procédé, il est aussi possible de mieux comprendre les actions de chacun, les raisons de leurs agissements, la vérité sur leurs actions. Et puis, il faut dire aussi que cela ajoute une dynamique supplémentaire à l'histoire. Nous sommes tenus à l'écart du récit en adoptant une attitude de juge face aux comportements des personnages. Impossible dès lors pour les jeunes de s'identifier aux personnages. Les lecteurs sont donc responsabilisés en lisant ce livre car ils doivent trancher sur le bien et le mal.

Les seuls bémols de ce procédé sont tout d'abord la perte du narrateur. Si on décide de s'arrêter en plein milieu du jeu de quille, il faut parfois revenir en arrière pour se souvenir de qui est en train de raconter l'histoire. Un autre problème est l'inférence qui doit être faite par le lecteur. On fait des bonds dans le temps et dans les péripéties mais le narrateur suivant ne l'explique pas toujours et c'est à nous de comprendre ce qu'il s'est passé au moyen d'indices. Il y a donc parfois une minuscule rupture dans le récit.

J'ai été sensible à un thème

J'ai été sensible au thème des relations ados-parents. Moi-même ayant eu une relation un peu compliquée avec ma mère étant ado et complètement inexistante avec mon père (mon quoi ?!) , j'ai été attentif à l'évolution de la relation entre les parents et les ados. Une phrase m'a marqué au début du récit : page 20 : Gemma : On devrait donner des cours aux parents avant de les autoriser à se reproduire . Complètement d'accord. Mon père m'ayant abandonné lâchement il y a presque six ans, et voyant le nombre de parents qui lâchent leurs enfants, je me dis qu'il faut s'assurer que les parents puissent être de bons parents avant de les laisser engendrer d'autres personnes. Je vois déjà le débat arriver où on me dira C'est une liberté primaire d'avoir des enfants, on ne doit pas pouvoir tout contrôler, on ne peut pas prévoir les difficultés d'avoir des enfants,... Peut-être. Je ne fais que parler de mon ressenti en me disant que je vais enseigner et qu'on me confiera des enfants et pour y avoir droit, je dois passer trois ans à apprendre des choses et à prouver que je saurais m'en occuper correctement. Je vais même devoir prêter serment alors.... où est la différence ?

Un autre extrait a retenu mon attention : page 130 Si je les (Vonny et Richard) avais eu à la place des deux clowns que Dieu m'avait imposé, je n'aurai jamais fugué. Ils étaient impeccables. Je pouvais dormir avec mon petit copain. Ils me passaient des joints. J'avais le droit de décorer ma chambre comme je le voulais, de sortir jusqu'à n'importe quelle heure. En tant que parents, ils étaient parfaits.

Là, elle est complètement à côté de la plaque et on voit bien que c'est une ado qui ne pense qu'à son bonheur sans mesurer les risques qu'elle prend. Donc impossible de blâmer les parents.

On peut constater, à la lecture du roman que la relation entre Gemma et ses parents s'améliore. Au début, c'est la guerre en permanence car Gemma est une ado rebelle, avide de liberté mais elle s'adoucit petit à petit et retourne finalement vivre chez eux à la fin du récit et est devenue complice avec sa maman.
Pour Nico, c'est un autre problème car son père battait sa mère (les causes sont un peu floues car chaque narrateur attribue le problème à la mère ou au père). Nico lui en veut donc jusqu'à la fin du récit mais son père (il raconte un chapitre) exprime qu'il aime son fils et qu'il attend patiemment son retour. Surtout que David aussi a frappé Gemma en bout de récit donc il estime qu'ils ont désormais un point commun et qu'il pourrait renouer là-dessus...
On a donc une relation positive et une négative dans le récit...comme dans la vie de tous les jours ! Et soyons sensibles à ce sujet car chez nos futurs élèves, ça ne peut qu'empirer !

Un dernier mot

Tout au long du récit, certains chapitres avaient une partie de chanson. J'aimerais mettre les chansons ou du moins, les trouver mais impossible. J'ai beau taper les paroles dans le moteur de recherche impossible donc si quelqu'un a les liens, je les veux bien !
On peut néanmoins comprendre grâce aux traductions que les paroles donnent un indice sur l'état d'esprit du narrateur en cours et de ce qu'il va se passer dans le chapitre.

jeudi 17 avril 2014

Uglies


                                                 Uglies - Scott Westerfeld


            Dans un monde futuriste et fictif où la beauté est le bien le plus précieux, les uglies (laides) attendent avec impatience le jour de l'Opération avec impatience.
Cependant, ce cadeau n'est pas sans conséquence... Tally Yougblood va devoir faire preuve de courage pour accepter la dure réalité.

Quelques mots clef/aide mémoire

Science-fiction        aventure       héroine authentique          amitié
 dystopie          critique de la beauté absolue         maturité 
évolution de mentalité   obstacles       trahison       renouveau
haine        chirurgie     technologie    classes sociales
 uglies( ados moches)      pretties (belles)    spéciales (puissants)    grands pretties ( adultes)

Une comparaison potentielle




Un peu guimauve mais fonctionnant sur le même thème, cette série raconte l'histoire d'une jeune allemande désirant percer dans le domaine de la couture et de la mode en dépit de son style un peu ringard et en marge de la société courant après la beauté.

La différence entre cette série et le livre de Westerfeld, est que l'univers de Lisa est le même que le nôtre. Elle vit dans notre monde alors que Tally (dans Uglies) est dans un monde futuriste.
Une série qui facilite davantage l'identification avec les jeunes femmes à la recherche de l'espoir. En effet, Lisa perce dans un domaine qui semblait ne pas lui correspondre mais elle s'accroche et sa ténacité paie ! Un bel exemple de valeur véhiculé par ce personnage qui rappelle l'importance de ne pas se conformer.
Tally Yougblood développe également cette valeur à la fin du récit lorsqu'elle prend conscience des dangers de l'Opération et qu'elle émet le souhait de rester uglies à jamais.

lundi 7 avril 2014

Sobibor-Jean Molla

   Sobibor - Jean Molla


Résumé de l'oeuvre:

Ce livre est la présentation de deux histoires en une seule. Emma est une jeune adolescente qui décide d'entamer un régime sévère pour perdre du poids et être davantage désirée par son petit ami, Julien.Elle est très proche de ses grands-parents, surtout de sa grand-mère: "Mamouchka". Emma est devenue une ado boulimique et anorexique.
Un soir, Emma entend sa grand-mère faire un mauvais rêve : "Jacques, je ne veux plus rester ici. Comprends-moi, je n'en peux plus ! Sais-tu seulement son nom ? Moi, je le sais. Elle s'appelait Eva... Eva Hirschbaum ! ", ... "Je devrais te haïr mais je n'y parviens pas ! Je veux partir d'ici et oublier! Jacques, emmène-moi ! Emmène-moi loin de Sobibor, je t' en prie ! "
La grand-mère d'Emma décède suite à un cancer. En rangeant ses affaires, Emma trouve le journal intime de Jacques Desroches, collaborateur français et affecté au camp de Sobibor, en Pologne. Là, il est chargé après quelques mois, d'organiser l'extermination de juifs. Entre temps, il tombe amoureux d'une jeune polonaise avec qui il vit le parfait amour. Mais Desroches ne peut cacher sa fonction à sa bien-aimée qui est horrifiée par les meurtres qu'exécute son compagnon par exemple, il tue de sang-froid un enfant (Simon) et sa mère (Eva Hirschbaum).Le journal se termine par une annotation faite à la main: "Jacques Desroches est parti se battre sur le front russe. Il y est mort le 3 juillet 1943."
Emma comprend qu'elle vient tout simplement de lire la vraie histoire de ses grands-parents. Sin grand-père était en fait Jacques Desroches et a usurpé une identité pour ne pas être condamné après la guerre. Emma décide de confronter son grand-père tant elle est révoltée par ses origines. Elle lui parle en propos très durs, et le grand-père ne montre aucun regret, arguant que c'était "La guerre". Elle le provoque en annonçant, faussement, qu'elle a raconté toute l'histoire à la presse. Le lendemain, son grand-père se suicide, ayant préféré cette solution à une condamnation.

Emma, quant à elle, ne montre pas de peine estimant que justice aura été rétablie. Elle retournera à l'hôpital pour guérir de cette maladie qu'est l'anorexie.
Inspiré de http://www.memoireauschwitz.netii.net/index.php?option=com_content&view=article&id=19%3Asobibor&catid=2%3Alivres&Itemid=8 consulté le 7/04/2014

Je viens tout juste de terminer le livre



Que dire ? Comment en parler ? Je dois avouer qu'après cette lecture, je reste perplexe. Je ne pense pas pouvoir classer ce livre dans le top dix de mes lectures favorites ( je suis réfractaire à tous les livres traitant de près ou de loin au thème de la guerre) mais....je lui reconnais un trait percutant...

Tout au long de ma lecture, je n'ai pu m'empêcher de penser à l'ouvrage de Robert Merle "La mort est mon métier". Je l'ai lu en 5e secondaire , l'histoire n'est donc plus de première fraîcheur dans mon esprit mais je me souviens d'un homme travaillant dans les camps, tout comme Jacques Desroches, du côté des allemands.

Deux points de l'histoire m'ont frappé :


- La relation entre l'Histoire et l'anorexie-boulimie de Emma. L'idée est là mais je ne suis pas client. Je pensais qu'elle attribuait sa maladie (car oui, c'est une maladie, on ne le dira jamais assez) à sa relation avec Julien qui la trouvait un peu ronde. Elle a donc décidé de perdre du poids...de la mauvaise manière....

Ensuite, j'attribuais le problème au concept de l'adolescence. La jeune fille qui refuse de prendre du poids, d'être différente, qui veut plaire, ressembler aux canons de beauté,.... j'ai presque envie de dire que c'est normal dans le sens où, on sait déjà que ça existe et c'est compréhensible (notre société ne valorise pas vraiment les personnes affichant des rondeurs). Mais attribuer soudainement la maladie à la 2e Guerre-Mondiale et plus précisément à l'histoire de ses grands-parents, c'est un peu fort de café.
Comment pouvait-elle développer une réaction contre une cause encore inconnue ? (Sa maladie a commencé AVANT de trouver le journal , AVANT de perdre sa grand-mère....)

-Le procès du grand-père (donc, de Jacques Desroches). J'ai lu d'une traite cette partie du récit. Je ressentais en moi toute la colère que pouvait éprouver Emma. J'avais ce sentiment oppressant de devoir le juger et le condamner pour son passé. Je pense que c'est ce passage qui m'a le plus marqué. On aurait dit que l'auteur faisait passer une sorte de message, crachait son venin contre un crime impuni.
Je vais donc fouiner un peu pour en apprendre plus sur cette personne qu'est M. Molla et voir s'il n'a pas un lien avec la guerre ou le génocide juif.



Jean Molla et mes réflexions

Jean Molla, né en 1958 à Oujda au Maroc, est un auteur français de littérature d'enfance et de jeunesse.





Jean Molla a fait des études de lettres à Tours et à Poitiers puis, un peu par hasard, des études de tourisme. Il a été successivement apiculteur, professeur de guitare classique et guide dans un musée pour finalement devenir professeur de lettres. Après avoir enseigné dans de nombreux établissements de la Vienne et du Nord de la France, il exerce aujourd’hui dans un collège de ZEP,à Poitiers.

Ce n’est qu’en 2000 que Jean Molla a commencé à écrire, juste avant la naissance de son fils, Noé.                                                source: http://www4.fnac.com/Jean-Molla/ia407719




Donc là, mon monde s'écroule. Je suis peut-être dans une phase de drame aujourd'hui mais je me sens un peu trahi... Je pensais que cet auteur avait au moins eu un rapport avec la 2e Guerre-Mondiale pour pouvoir en parler et surtout, juger les faits mais non.... (je n'ai retranscrit qu'un des articles que j'avais consultés)



J'ai aussi lu que Jean Molla avait écrit plusieurs genres de récits notamment du fantastique avec Le portable noir .  Je n'ai pas la prétention de pouvoir critiquer son livre ni ses idées mais je trouve un peu présomptueux de parler d'un sujet aussi dense, avec autant de violence moralisatrice (on assiste quand même au suicide-coupable d'un homme sans aucune émotion de la part de sa petite-fille car elle pense avoir rendu justice) si on n'est pas acteur de cette partie de l'Histoire.




Je sais que j'effraye peut-être mon lecteur : Il est fou celui-là ?! Il ne se rend pas compte de la guerre ! Bien sûr que l'homme est coupable ! Il fallait qu'il paye ,.... !
Inutile de monter sur de grands chevaux, je sais que les guerres sont un fléau pour l'humanité.Je sais aussi qu'il y a des coupables et des personnes qui subissent. Je sais que ce sont des crimes horribles qui ont été commis et que toute malveillance doit être punie.
MAIS ce que j'ignore c'est la manière dont moi je me serais comporté à cette époque. Si j'avais été du côté des "gentils", me serais-je battu ou aurais-je fui pour mon propre salut ?
Et si j'avais été du côté des "méchants", aurais-je été endoctriné ? Si oui, aurais-je été coupable entièrement ? Aurais-je admis mes torts ? Si .....
Bref, ce que je souhaite exprimer ici, et ceci ne regarde que moi, je comprends tout à fait que mon point de vue ne soit pas partagé, c'est que je ne me sens pas apte à condamner le mal.
Je ne suis qu'un être humain qui réagit à son environnement et à sa propre histoire (oui mesdames et messieurs, je suis pour le déterminisme). Je ne pense pas qu'il faille tout nuancer, tout accepter. Mais moi, je ne me sens pas de taille pour regarder quelqu'un et dire : Tu es seul coupable.
Pour moi, le problème de cette guerre a été la présence d'Hitler mais s'il n'avait pas été là, il y aurait peut-être eu une autre personne... Mais c'est un autre débat.
Maintenant, je suis tout à fait conscient du devoir de mémoire et qu'il faut veiller à ce que ça ne se reproduise plus jamais. C'est pourquoi, je pense que faire lire ce livre à l'école serait une bonne chose mais à un public beaucoup plus âgé que les classes du premier degré inférieur.




La mort est mon métier-Robert Merle - Sobibor




Date de publication : La mort est mon métier : 1952
                                     Sobibor :  2003

Auteur : La mort est mon métier : Robert Merle
              Sobibor : Jean Molla


Le personnage :  Rudolf Höß (son nom de famille devient Lang dans le récit) , il était le commandant du camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz pendant la Seconde Guerre mondiale.


Nous avons ici une équivalence avec Jacques Desroches qui travaillait aussi dans le camps de Sobibor.

Robert Merle et Jean Molla utilisent le journal intime pour relater les dires des deux protagonistes.


Le lieu : Auschwitz (camp de concentration-d'extermination en Pologne) et  le camp de Sobibor (camp de concentration puis d'extermination en Pologne également).

Leur mission : exterminer, veiller au bon fonctionnement du camp.

Ressenti moral : Aucun des deux personnages ne se sent coupable de ce qu'il s'est passé. J.Desroches préfère se suicider et attribuer ses fautes à sa recherche du bonheur alors que Rudolf Lang se dit responsable par la faute d'Hitler. Il a été abandonné par celui-ci le laissant seul responsable (puisque Hitler se suicide avant d'être capturé). Rudolf accepte son poste de chef et plaide coupable pour tout. Mais aucun des deux personnages ne dit qu'il regrette ses actions.

Le déroulement : Dans Sobibor, nous plongeons dans le récit, tout est déjà lancé. Le camp est déjà créé, le récit parle surtout de la relation entre Jacques au sein du camps avec la jeune serveuse polonaise , Anna.
A contrario, dans La mort est mon métier, nous découvrons la naissance du camp et l'installation des douches visant à exterminer les juifs. En commençant par le monoxyde de carbone d'un camion à un composant chimique, les cristaux de Zyklon B.  Rudolf Lang gravit les échelons pour finir par commander le camps alors que Jacques Desroches est présent dans le camp mais ne fait que compiler des données pour ses supérieurs.

Public : Le livre Sobibor serait plus pertinent pour un public jeune car le récit de l' Histoire n'est qu'une mise en abime dans le récit d'Emma. On touche donc à un sujet dense mais sans s'y noyer.
A l'inverse, le livre de Robert Merle est destiné à des adultes car les crimes contre l'Humanité sont décrits sans langue de bois et peuvent choquer les jeunes lecteurs. Les deux livres que j'ai eus en main sont issus de la collection Folio.


dimanche 30 mars 2014


    Comment bien rater ses vacances

                                                                                      Anne Percin






 Un petit mot sur l'auteur :


Née en 1970 à Epinal, Anne Percin grandit à Strasbourg qu’elle quitte à 25 ans pour Paris, où elle commence à enseigner le français en collège. Marquée dans l’enfance par la lecture de Colette, elle 
cherche à revenir vivre à la campagne, un rêve accompli en 2003 où elle s’installe en Bourgogne avec son compagnon, l’écrivain Christophe Spielberger et leur enfant. Elle vit actuellement en Saône et Loire, partage sa vie entre l’enseignement et l’écriture de romans « pour les ados ».


  • Point de Côté, Éditions Thierry Magnier, 2006
  • Servais Des Collines, Oskar Jeunesse, 2007
  • Né sur X, Éditions Thierry Magnier, 2008
  • L'âge d'Ange, L'école des Loisirs, 2008
  • N'importe où hors de ce monde, Oskar Jeunesse, 2009
  • Bonheur Fantôme, Éditions du Rouergue, 2009
  • À quoi servent les clowns ?, Éditions du Rouergue, 2010
  • Comment (bien) rater ses vacances, Éditions du Rouergue, 2010
  • Le premier été, Éditions du Rouergue, 2011
  • Comment (bien) gérer sa love Story, Editions du Rouergue, 2011  (suite de Comment (bien) rater ses vacances)
  • Comment devenir une rock star (ou pas), Éditions du Rouergue, 2012 (suite de Comment (bien) gérer sa love Story,)
  • Western girl, Éditions du Rouergue, 2013




                                                                      http://fr.wikipedia.org/wiki/Anne_Percin consulté le 30/03/14






Mon avis après lecture :



J'ai trouvé ce livre tout simplement rafraîchissant. Enfin une histoire où le héros est un jeune (il faut dire que ça me manquait un peu puisque je n'ai eu, jusqu'à présent, comme jeune héros que le personnage de Matt) qui vit dans une société européenne avec les mêmes balises que nous. Je fais peut-être mon conservateur pour une fois mais je dois avouer que ça me manquait. J'ai donc lu cet ouvrage en deux heures et avec envie.
Je pense que ce qui m'a le plus fasciné fut le personnage. En effet, Maxime, un jeune ado de 17ans au look un peu rock traverse des situations peu ordinaires ( sa grand-mère fait un infarctus et il doit s'occuper de lui seul) avec beaucoup d'humour et de sang-froid.
Ce qui m'a marqué, c'est aussi l'évolution de ce même personnage. Dans ma représentation, nous passons d'un ado rockeur "mou du genou" (il a envie de passer des vacances tranquilles à regarder des séries) à un jeune adulte qui sait se prendre en main et aller de l'avant.
J'ai un peu l'impression que nous passons de la chenille au papillon.

Je pense que ce livre divertissant serait une bonne lecture à donner en 2e année ou en 3e car certains aspects comme le jeu de narration sont intéressants.

La narration et l'humour du livre

Un détail humoristique m'a marqué dans cette ouvrage. Il s'agit de la manière dont le livre a été écrit. En effet, je me suis surpris à vérifier si l'auteur du livre n'était pas le personnage lui-même (ou plutôt si le narrateur n'était pas l'auteur lui-même).
Souvent, lorsque nous lisons un livre, la réalité nous rattrape avec des notes de bas de page rédigées par l'auteur ou le traducteur. Ces notes nous rappellent que ce que nous lisons est une histoire (souvent fictive). Or, dans ce récit, les notes de bas de page sont elles-mêmes rédigées par ( l'auteur, oui, mais on a l'impression que c'est..) le narrateur de l'histoire. Par exemple, à la page 83 (chapitre 14) , Maxime interrompt son récit par une note de bas de page pour s'adresser directement à nous, lecteurs.

Je trouve que ce procédé est original et permet au lecteur de ne pas se détacher de l'histoire car il est interpellé par celle-ci ; il se sent directement concerné comme si c'était à lui que Maxime racontait ses aventures.
Ces notes sont toujours rédigées avec humour ce qui rend la lecture encore plus attrayante.
Maxime raconte en livrant ses pensées personnelles qui font souvent sourire. Si je prends une page au hasard, je peux retrouver un extrait qui m'amuse :
Page 82 :
"Avec un feutre, j'ai écrit dessus, de ce qui me semblait être une calligraphie soignée : cerises à l'eau-de-vie , Kremlin 2010.
Le lendemain, tel un moderne Champollion; j'ai découvert sur les bocaux alignés à la cuisine, une série de hiéroglyphes griffonnés sur des étiquettes collées à l'envers."

La référence est tout bonnement désopilante ! En parlant de référence, je dois avouer que l'humour de l'auteure nécessite parfois un bon bagage culturel. C'est pourquoi il faudra envisager une lecture progressive si on désire faire lire ce livre à des élèves (car c'est l'occasion de leur en apprendre davantage! ).


Je pense que grâce à cet humour, la lecture ne ralentit pas et c'est un véritable plaisir d'avancer dans le récit.
CEPENDANT, je pense que ce même humour est parfois de trop. Impossible pour moi d’effacer mon sourire amusé même dans des situations critiques (lorsqu'il trouve sa grand-mère au sol) car la situation est décrite avec sérieux mais toujours avec une pointe d'humour :
Page 45 (Maxime vient de téléphoner aux urgences) : Si on m'avait demandé une heure plus tôt ce qu'était la PLS, j'aurais surement répondu que c'était la dernière console de chez Sony.

Je dirais donc que le seul léger bémol de ce livre est la trop grande place de l'humour bien qu'il soit un atout pour la lecture.


Le titre

Je trouve que le titre "Comment (bien) rater ses vacances" est un peu paradoxale. En effet, je n'ai pas trouvé que Maxime ratait ses vacances...

Au contraire (malgré l'hospitalisation de la mamy) :

-Il a échappé aux vacances avec ses parents.
-Il a pu manger et cuisiner tout ce qu'il voulait, sa grand-mère étant à l’hôpital (pizzas, aubergines et.....bulbes de tulipes).
-Il a rencontré pika-Natacha avec qui il tisse petit à petit une relation (virtuelle pour commencer).
-Il a évolué et a changé de look.

-Il a pu écouter la musique à fond et s'amuser (par exemple le passage où il se déguise en femme).
-Il a regardé les films qu'il voulait voir.
-Il a fait du sport (vélo de la maison à l’hôpital).

Je n'ai donc pas l'impression que le héros a vraiment eu des vacances gâchées. Avant d'ouvrir le livre, je m'attendais à suivre une succession d’événements malheureux et non une comédie ayant pour thème l'émancipation.

Je pense, dès lors, que le titre n'est pas le plus adéquat. Si j'avais dû choisir un titre pour ce livre j'aurai opté pour Maman je suis seul à la maison.


Je dois avouer que les deux histoires se ressemblent un peu, à mon sens. Nous suivons deux jeunes qui se retrouvent livrés à eux-mêmes pour des raisons dramatiques et qui connaissent des situations amusantes grâce à leur perception des choses "Tout va bien". A nouveau, la comédie prime.
A la fin des deux histoires, tout rentre dans l'ordre et tout le monde est heureux.

samedi 15 mars 2014


                             Des fleurs pour Algernon
Daniel Keyes



Mon avis général :

 Je dois avouer être resté perplexe une fois la dernière page retournée.
Nous suivons, tout au long du récit de science-fiction, l'histoire de Charlie Gordon qui est un adulte déficient mental. Bien qu'il ait été abandonné par ses parents (il a été placé dans un établissement qui serait un lieu plus adapté à sa condition), Charlie se débrouille seul et suit des cours avec d'autres personnes arriérées pour tenter de lire et écrire.

Charlie voit sa vie basculer le jour où il est choisi pour participer à une expérience inédite : rendre à un déficient des capacités cognitives normales voire supérieures. Afin de protéger Charlie d'effet non désirables (bien qu'il soit le premier humain à tester ce projet), les scientifiques (le docteurs Strauss et le professeur Némur) emploient le même traitement sur une petite souris nommée Algernon.


L'intelligence de Charlie (et celle d'Algernon) croît d'une façon spectaculaire. Cependant, l'intelligence a un prix. Charlie se retrouve à nouveau en décalage avec la société qui l'entoure. De l'idiot dont le monde se moquait, il devient aux yeux de tous, l'intellectuel prétentieux qui méprise son entourage. Charlie passe donc d'une extrême à l'autre en très peu de temps. Nous assistons même à certains moments de schizophrénie où Charlie ressent la présence de son ancien-moi, en train de l'observer. Ces situations le déstabilisent totalement et le plongent dans des moments de violence (par exemple le passage où il désire faire l'amour avec Alice).


Malheureusement, l'état de Algernon décline. Elle perd peu à peu ses facultés et est victime de moments d'absence, de folie. Charlie le sait, il ne tardera pas à suivre la même destinée tragique.

Il terminera son récit ( car il écrit sous la forme de comptes-rendus) en demandant de déposer de temps à autre, des fleurs pour Algernon car l'expérience aura eu raison de la souris.
Le titre de l'ouvrage s'explique donc par la fin du livre. Charlie veut honorer la souris car elle a été son homologue pendant toute la durée du changement de sa vie. Elle symbolisait ses espoirs de devenir intelligent car c'était tout ce que ses parents voulaient, que Charlie soit comme tout le monde.



Insérer ce livre dans le cadre pédagogique

J'ai eu l'occasion de créer une séquence sur le journal intime. Ce livre étant rédigé sous la forme de comptes rendus écrits par Charlie, il me semble être une bonne idée d'employer certains extraits pour montrer d'autres types répondant au thème du journal intime.
Après le commentaire de Mme Centi, je préciserai aussi que ces comptes-rendus ont plusieurs fonctions et bien qu'ils soient fictifs, ils servent aussi bien de confident que d'aide mémoire afin que Charlie puisse se souvenir de ses pensées par la suite. C'est aussi un usage scientifique puisqu'ils seront dévoilés et analysés afin de constater une éventuelle progression.

De plus, j'ai remarqué que le langage de Charlie changeait au fur et à mesure du récit. Il parle de manière très simplifiée, en faisant d'énormes erreurs orthographiques, puis passe à une maîtrise de la langue beaucoup plus élevée.
C'est donc aussi l'occasion de mettre l'accent sur l'importance de la maîtrise de la langue et donc de proposer des exercices en rapport avec des extraits du livre. En effet, les élèves ont tendance à modifier des règles grammaticales et orthographiques pour gagner du temps puisque de toute façon " on s'comprend Msieur". J'ai remarqué que même si la compréhension est possible, un trop grand nombre d'erreurs oblige le déchiffrage et ralentit la lecture. Le gain de temps est donc perdu.

Proposition de leçons :

-Lecture de la première page de l'oeuvre de Keyes.
      objectifs : hypothèses de lecture par rapport au personnage.
-Discussion sur la manière dont la lecture se fait et trouver les biais de la compréhension.
      objectif : sensibiliser les élèves à l'importance d'une bonne orthographe.
-Exercices de maîtrise de la langue. Les élèves ont le texte de Charlie et doivent proposer des corrections orthographiques, grammaticales, de phrases simples en phrases complexes,....
    objectif : contextualiser l'apprentissage des règles de la langue française en gardant un support attractif et avec un support auquel ils sont familiers.
-Mise en exergue des caractéristiques relatives à la forme du livre en comparaison avec d'autres (pourquoi pas Simple de Marie-Aude Murail en supposant qu'ils l'aient lu plus tôt dans l'année, ainsi le thème est conservé et la différence la plus flagrante apparaît ).
    objectif : introduire la la séquence relative au journal intime.
-Comparaison entre deux extraits du livre.
   objectif: mettre en évidence les registres de langue (Charlie parle parfois de manière soutenue)  et leur utilité.


Adaptations et comparaisons 


Le livre a été adapté au cinéma et au théâtre plusieurs fois :










  • Charly, film américain réalisé par Ralph Nelson en 1968.

    • Des fleurs pour Algernon, téléfilm américain réalisé en 2000, avec Matthew Modine
    • Des fleurs pour Algernon, téléfilm franco-suisse réalisé par David Delrieux en 2006, avec Julien Boisselier, Hélène de Fougerolles et Marianne Basler dans les rôles principaux. L'opération neurochirurgicale est substituée par une nouvelle molécule stimulant les astrocytes, et nécessitant des doses de plus en plus élevées. Charles, voyant Algernon régresser, tue la souris lui-même, et arrête le traitement de son plein gré.
    • Holeulone (choréographie, 2006), de Karine Ponties. Prix du meilleur spectacle de danse décerné par le jury du Prix de la Critique de la Communauté française de Belgique.
    • Des fleurs pour Algernon, Lecture par Michel Vitold d'une adaptation de la nouvelle, radiodiffusée en France le 6 mars 1966. Vitold réussit, par la modification progressive puis régressive de sa voix et de sa diction, à dépeindre l'évolution de Charlie Gordon.
    • Des fleurs pour Algernon, pièce de théâtre interprétée par Grégory Gadebois mise en scène par Anne Kessler au studio des Champs Élysées, en 2012. Prix du meilleur comédien et du meilleur spectacle privé au Palmarès du théâtre 2013.
    J'ai commis l'erreur de regarder le téléfilm franco-suisse AVANT de lire le livre.
    L'adaptation est, selon moi, désastreuse.
    En effet, de nombreux éléments ont été modifiés à tel point que l'histoire parait différente. Nous conservons Charlie mais nous perdons de nombreux éléments importants du livre. Prenons par exemple la mort de Algernon : le livre dit qu'elle meurt naturellement alors que le livre met en scène Charlie tuant délibérément son homologue. Le livre relate des souvenirs, la rencontre entre Charlie et son père mais le film n'en fait pas mention.
    IJe pense donc que ce téléfilm est un travail mal fait qui n'exploite pas toutes les dimensions psychologiques que doit traverser Charlie dans le livre.


    Mon mot de la fin
    Des fleurs pour Algernon m'a fait penser au livre Simple en raison du personnage principal présentant les mêmes caractéristiques d'un récit à l'autre (adulte attardé ayant été placé dans un établissement et abandonné par ses parents). La différence majeure entre les deux romans, sur le point de vue du contenu, est le thème du bonheur. Simple s'adapte tout doucement à sa nouvelle vie dans le monde réel et finit par être heureux, entouré, aimé. A l'inverse, Charlie ne peut pas trouver le bonheur car il ne se stabilise jamais. Lorsqu'il aime en étant attardé, les gens se moquent de lui et le considère comme un simple enfant. Lorsqu'il devient intelligent, il freine l'amour d'Alice et l'empoisonne psychologiquement; il finit même par effrayer Fay. Il redevient attardé mais se réfugie dans la solitude comprenant que le monde qui l'entoure ne sera jamais adapté pour lui. La préhension du monde est donc différente selon les différents personnages. Charlie ne sera jamais pleinement satisfait alors que Simple s'adapte et se sent de plus en plus aimé.