dimanche 30 mars 2014


    Comment bien rater ses vacances

                                                                                      Anne Percin






 Un petit mot sur l'auteur :


Née en 1970 à Epinal, Anne Percin grandit à Strasbourg qu’elle quitte à 25 ans pour Paris, où elle commence à enseigner le français en collège. Marquée dans l’enfance par la lecture de Colette, elle 
cherche à revenir vivre à la campagne, un rêve accompli en 2003 où elle s’installe en Bourgogne avec son compagnon, l’écrivain Christophe Spielberger et leur enfant. Elle vit actuellement en Saône et Loire, partage sa vie entre l’enseignement et l’écriture de romans « pour les ados ».


  • Point de Côté, Éditions Thierry Magnier, 2006
  • Servais Des Collines, Oskar Jeunesse, 2007
  • Né sur X, Éditions Thierry Magnier, 2008
  • L'âge d'Ange, L'école des Loisirs, 2008
  • N'importe où hors de ce monde, Oskar Jeunesse, 2009
  • Bonheur Fantôme, Éditions du Rouergue, 2009
  • À quoi servent les clowns ?, Éditions du Rouergue, 2010
  • Comment (bien) rater ses vacances, Éditions du Rouergue, 2010
  • Le premier été, Éditions du Rouergue, 2011
  • Comment (bien) gérer sa love Story, Editions du Rouergue, 2011  (suite de Comment (bien) rater ses vacances)
  • Comment devenir une rock star (ou pas), Éditions du Rouergue, 2012 (suite de Comment (bien) gérer sa love Story,)
  • Western girl, Éditions du Rouergue, 2013




                                                                      http://fr.wikipedia.org/wiki/Anne_Percin consulté le 30/03/14






Mon avis après lecture :



J'ai trouvé ce livre tout simplement rafraîchissant. Enfin une histoire où le héros est un jeune (il faut dire que ça me manquait un peu puisque je n'ai eu, jusqu'à présent, comme jeune héros que le personnage de Matt) qui vit dans une société européenne avec les mêmes balises que nous. Je fais peut-être mon conservateur pour une fois mais je dois avouer que ça me manquait. J'ai donc lu cet ouvrage en deux heures et avec envie.
Je pense que ce qui m'a le plus fasciné fut le personnage. En effet, Maxime, un jeune ado de 17ans au look un peu rock traverse des situations peu ordinaires ( sa grand-mère fait un infarctus et il doit s'occuper de lui seul) avec beaucoup d'humour et de sang-froid.
Ce qui m'a marqué, c'est aussi l'évolution de ce même personnage. Dans ma représentation, nous passons d'un ado rockeur "mou du genou" (il a envie de passer des vacances tranquilles à regarder des séries) à un jeune adulte qui sait se prendre en main et aller de l'avant.
J'ai un peu l'impression que nous passons de la chenille au papillon.

Je pense que ce livre divertissant serait une bonne lecture à donner en 2e année ou en 3e car certains aspects comme le jeu de narration sont intéressants.

La narration et l'humour du livre

Un détail humoristique m'a marqué dans cette ouvrage. Il s'agit de la manière dont le livre a été écrit. En effet, je me suis surpris à vérifier si l'auteur du livre n'était pas le personnage lui-même (ou plutôt si le narrateur n'était pas l'auteur lui-même).
Souvent, lorsque nous lisons un livre, la réalité nous rattrape avec des notes de bas de page rédigées par l'auteur ou le traducteur. Ces notes nous rappellent que ce que nous lisons est une histoire (souvent fictive). Or, dans ce récit, les notes de bas de page sont elles-mêmes rédigées par ( l'auteur, oui, mais on a l'impression que c'est..) le narrateur de l'histoire. Par exemple, à la page 83 (chapitre 14) , Maxime interrompt son récit par une note de bas de page pour s'adresser directement à nous, lecteurs.

Je trouve que ce procédé est original et permet au lecteur de ne pas se détacher de l'histoire car il est interpellé par celle-ci ; il se sent directement concerné comme si c'était à lui que Maxime racontait ses aventures.
Ces notes sont toujours rédigées avec humour ce qui rend la lecture encore plus attrayante.
Maxime raconte en livrant ses pensées personnelles qui font souvent sourire. Si je prends une page au hasard, je peux retrouver un extrait qui m'amuse :
Page 82 :
"Avec un feutre, j'ai écrit dessus, de ce qui me semblait être une calligraphie soignée : cerises à l'eau-de-vie , Kremlin 2010.
Le lendemain, tel un moderne Champollion; j'ai découvert sur les bocaux alignés à la cuisine, une série de hiéroglyphes griffonnés sur des étiquettes collées à l'envers."

La référence est tout bonnement désopilante ! En parlant de référence, je dois avouer que l'humour de l'auteure nécessite parfois un bon bagage culturel. C'est pourquoi il faudra envisager une lecture progressive si on désire faire lire ce livre à des élèves (car c'est l'occasion de leur en apprendre davantage! ).


Je pense que grâce à cet humour, la lecture ne ralentit pas et c'est un véritable plaisir d'avancer dans le récit.
CEPENDANT, je pense que ce même humour est parfois de trop. Impossible pour moi d’effacer mon sourire amusé même dans des situations critiques (lorsqu'il trouve sa grand-mère au sol) car la situation est décrite avec sérieux mais toujours avec une pointe d'humour :
Page 45 (Maxime vient de téléphoner aux urgences) : Si on m'avait demandé une heure plus tôt ce qu'était la PLS, j'aurais surement répondu que c'était la dernière console de chez Sony.

Je dirais donc que le seul léger bémol de ce livre est la trop grande place de l'humour bien qu'il soit un atout pour la lecture.


Le titre

Je trouve que le titre "Comment (bien) rater ses vacances" est un peu paradoxale. En effet, je n'ai pas trouvé que Maxime ratait ses vacances...

Au contraire (malgré l'hospitalisation de la mamy) :

-Il a échappé aux vacances avec ses parents.
-Il a pu manger et cuisiner tout ce qu'il voulait, sa grand-mère étant à l’hôpital (pizzas, aubergines et.....bulbes de tulipes).
-Il a rencontré pika-Natacha avec qui il tisse petit à petit une relation (virtuelle pour commencer).
-Il a évolué et a changé de look.

-Il a pu écouter la musique à fond et s'amuser (par exemple le passage où il se déguise en femme).
-Il a regardé les films qu'il voulait voir.
-Il a fait du sport (vélo de la maison à l’hôpital).

Je n'ai donc pas l'impression que le héros a vraiment eu des vacances gâchées. Avant d'ouvrir le livre, je m'attendais à suivre une succession d’événements malheureux et non une comédie ayant pour thème l'émancipation.

Je pense, dès lors, que le titre n'est pas le plus adéquat. Si j'avais dû choisir un titre pour ce livre j'aurai opté pour Maman je suis seul à la maison.


Je dois avouer que les deux histoires se ressemblent un peu, à mon sens. Nous suivons deux jeunes qui se retrouvent livrés à eux-mêmes pour des raisons dramatiques et qui connaissent des situations amusantes grâce à leur perception des choses "Tout va bien". A nouveau, la comédie prime.
A la fin des deux histoires, tout rentre dans l'ordre et tout le monde est heureux.

samedi 15 mars 2014


                             Des fleurs pour Algernon
Daniel Keyes



Mon avis général :

 Je dois avouer être resté perplexe une fois la dernière page retournée.
Nous suivons, tout au long du récit de science-fiction, l'histoire de Charlie Gordon qui est un adulte déficient mental. Bien qu'il ait été abandonné par ses parents (il a été placé dans un établissement qui serait un lieu plus adapté à sa condition), Charlie se débrouille seul et suit des cours avec d'autres personnes arriérées pour tenter de lire et écrire.

Charlie voit sa vie basculer le jour où il est choisi pour participer à une expérience inédite : rendre à un déficient des capacités cognitives normales voire supérieures. Afin de protéger Charlie d'effet non désirables (bien qu'il soit le premier humain à tester ce projet), les scientifiques (le docteurs Strauss et le professeur Némur) emploient le même traitement sur une petite souris nommée Algernon.


L'intelligence de Charlie (et celle d'Algernon) croît d'une façon spectaculaire. Cependant, l'intelligence a un prix. Charlie se retrouve à nouveau en décalage avec la société qui l'entoure. De l'idiot dont le monde se moquait, il devient aux yeux de tous, l'intellectuel prétentieux qui méprise son entourage. Charlie passe donc d'une extrême à l'autre en très peu de temps. Nous assistons même à certains moments de schizophrénie où Charlie ressent la présence de son ancien-moi, en train de l'observer. Ces situations le déstabilisent totalement et le plongent dans des moments de violence (par exemple le passage où il désire faire l'amour avec Alice).


Malheureusement, l'état de Algernon décline. Elle perd peu à peu ses facultés et est victime de moments d'absence, de folie. Charlie le sait, il ne tardera pas à suivre la même destinée tragique.

Il terminera son récit ( car il écrit sous la forme de comptes-rendus) en demandant de déposer de temps à autre, des fleurs pour Algernon car l'expérience aura eu raison de la souris.
Le titre de l'ouvrage s'explique donc par la fin du livre. Charlie veut honorer la souris car elle a été son homologue pendant toute la durée du changement de sa vie. Elle symbolisait ses espoirs de devenir intelligent car c'était tout ce que ses parents voulaient, que Charlie soit comme tout le monde.



Insérer ce livre dans le cadre pédagogique

J'ai eu l'occasion de créer une séquence sur le journal intime. Ce livre étant rédigé sous la forme de comptes rendus écrits par Charlie, il me semble être une bonne idée d'employer certains extraits pour montrer d'autres types répondant au thème du journal intime.
Après le commentaire de Mme Centi, je préciserai aussi que ces comptes-rendus ont plusieurs fonctions et bien qu'ils soient fictifs, ils servent aussi bien de confident que d'aide mémoire afin que Charlie puisse se souvenir de ses pensées par la suite. C'est aussi un usage scientifique puisqu'ils seront dévoilés et analysés afin de constater une éventuelle progression.

De plus, j'ai remarqué que le langage de Charlie changeait au fur et à mesure du récit. Il parle de manière très simplifiée, en faisant d'énormes erreurs orthographiques, puis passe à une maîtrise de la langue beaucoup plus élevée.
C'est donc aussi l'occasion de mettre l'accent sur l'importance de la maîtrise de la langue et donc de proposer des exercices en rapport avec des extraits du livre. En effet, les élèves ont tendance à modifier des règles grammaticales et orthographiques pour gagner du temps puisque de toute façon " on s'comprend Msieur". J'ai remarqué que même si la compréhension est possible, un trop grand nombre d'erreurs oblige le déchiffrage et ralentit la lecture. Le gain de temps est donc perdu.

Proposition de leçons :

-Lecture de la première page de l'oeuvre de Keyes.
      objectifs : hypothèses de lecture par rapport au personnage.
-Discussion sur la manière dont la lecture se fait et trouver les biais de la compréhension.
      objectif : sensibiliser les élèves à l'importance d'une bonne orthographe.
-Exercices de maîtrise de la langue. Les élèves ont le texte de Charlie et doivent proposer des corrections orthographiques, grammaticales, de phrases simples en phrases complexes,....
    objectif : contextualiser l'apprentissage des règles de la langue française en gardant un support attractif et avec un support auquel ils sont familiers.
-Mise en exergue des caractéristiques relatives à la forme du livre en comparaison avec d'autres (pourquoi pas Simple de Marie-Aude Murail en supposant qu'ils l'aient lu plus tôt dans l'année, ainsi le thème est conservé et la différence la plus flagrante apparaît ).
    objectif : introduire la la séquence relative au journal intime.
-Comparaison entre deux extraits du livre.
   objectif: mettre en évidence les registres de langue (Charlie parle parfois de manière soutenue)  et leur utilité.


Adaptations et comparaisons 


Le livre a été adapté au cinéma et au théâtre plusieurs fois :










  • Charly, film américain réalisé par Ralph Nelson en 1968.

    • Des fleurs pour Algernon, téléfilm américain réalisé en 2000, avec Matthew Modine
    • Des fleurs pour Algernon, téléfilm franco-suisse réalisé par David Delrieux en 2006, avec Julien Boisselier, Hélène de Fougerolles et Marianne Basler dans les rôles principaux. L'opération neurochirurgicale est substituée par une nouvelle molécule stimulant les astrocytes, et nécessitant des doses de plus en plus élevées. Charles, voyant Algernon régresser, tue la souris lui-même, et arrête le traitement de son plein gré.
    • Holeulone (choréographie, 2006), de Karine Ponties. Prix du meilleur spectacle de danse décerné par le jury du Prix de la Critique de la Communauté française de Belgique.
    • Des fleurs pour Algernon, Lecture par Michel Vitold d'une adaptation de la nouvelle, radiodiffusée en France le 6 mars 1966. Vitold réussit, par la modification progressive puis régressive de sa voix et de sa diction, à dépeindre l'évolution de Charlie Gordon.
    • Des fleurs pour Algernon, pièce de théâtre interprétée par Grégory Gadebois mise en scène par Anne Kessler au studio des Champs Élysées, en 2012. Prix du meilleur comédien et du meilleur spectacle privé au Palmarès du théâtre 2013.
    J'ai commis l'erreur de regarder le téléfilm franco-suisse AVANT de lire le livre.
    L'adaptation est, selon moi, désastreuse.
    En effet, de nombreux éléments ont été modifiés à tel point que l'histoire parait différente. Nous conservons Charlie mais nous perdons de nombreux éléments importants du livre. Prenons par exemple la mort de Algernon : le livre dit qu'elle meurt naturellement alors que le livre met en scène Charlie tuant délibérément son homologue. Le livre relate des souvenirs, la rencontre entre Charlie et son père mais le film n'en fait pas mention.
    IJe pense donc que ce téléfilm est un travail mal fait qui n'exploite pas toutes les dimensions psychologiques que doit traverser Charlie dans le livre.


    Mon mot de la fin
    Des fleurs pour Algernon m'a fait penser au livre Simple en raison du personnage principal présentant les mêmes caractéristiques d'un récit à l'autre (adulte attardé ayant été placé dans un établissement et abandonné par ses parents). La différence majeure entre les deux romans, sur le point de vue du contenu, est le thème du bonheur. Simple s'adapte tout doucement à sa nouvelle vie dans le monde réel et finit par être heureux, entouré, aimé. A l'inverse, Charlie ne peut pas trouver le bonheur car il ne se stabilise jamais. Lorsqu'il aime en étant attardé, les gens se moquent de lui et le considère comme un simple enfant. Lorsqu'il devient intelligent, il freine l'amour d'Alice et l'empoisonne psychologiquement; il finit même par effrayer Fay. Il redevient attardé mais se réfugie dans la solitude comprenant que le monde qui l'entoure ne sera jamais adapté pour lui. La préhension du monde est donc différente selon les différents personnages. Charlie ne sera jamais pleinement satisfait alors que Simple s'adapte et se sent de plus en plus aimé.