lundi 7 avril 2014

Sobibor-Jean Molla

   Sobibor - Jean Molla


Résumé de l'oeuvre:

Ce livre est la présentation de deux histoires en une seule. Emma est une jeune adolescente qui décide d'entamer un régime sévère pour perdre du poids et être davantage désirée par son petit ami, Julien.Elle est très proche de ses grands-parents, surtout de sa grand-mère: "Mamouchka". Emma est devenue une ado boulimique et anorexique.
Un soir, Emma entend sa grand-mère faire un mauvais rêve : "Jacques, je ne veux plus rester ici. Comprends-moi, je n'en peux plus ! Sais-tu seulement son nom ? Moi, je le sais. Elle s'appelait Eva... Eva Hirschbaum ! ", ... "Je devrais te haïr mais je n'y parviens pas ! Je veux partir d'ici et oublier! Jacques, emmène-moi ! Emmène-moi loin de Sobibor, je t' en prie ! "
La grand-mère d'Emma décède suite à un cancer. En rangeant ses affaires, Emma trouve le journal intime de Jacques Desroches, collaborateur français et affecté au camp de Sobibor, en Pologne. Là, il est chargé après quelques mois, d'organiser l'extermination de juifs. Entre temps, il tombe amoureux d'une jeune polonaise avec qui il vit le parfait amour. Mais Desroches ne peut cacher sa fonction à sa bien-aimée qui est horrifiée par les meurtres qu'exécute son compagnon par exemple, il tue de sang-froid un enfant (Simon) et sa mère (Eva Hirschbaum).Le journal se termine par une annotation faite à la main: "Jacques Desroches est parti se battre sur le front russe. Il y est mort le 3 juillet 1943."
Emma comprend qu'elle vient tout simplement de lire la vraie histoire de ses grands-parents. Sin grand-père était en fait Jacques Desroches et a usurpé une identité pour ne pas être condamné après la guerre. Emma décide de confronter son grand-père tant elle est révoltée par ses origines. Elle lui parle en propos très durs, et le grand-père ne montre aucun regret, arguant que c'était "La guerre". Elle le provoque en annonçant, faussement, qu'elle a raconté toute l'histoire à la presse. Le lendemain, son grand-père se suicide, ayant préféré cette solution à une condamnation.

Emma, quant à elle, ne montre pas de peine estimant que justice aura été rétablie. Elle retournera à l'hôpital pour guérir de cette maladie qu'est l'anorexie.
Inspiré de http://www.memoireauschwitz.netii.net/index.php?option=com_content&view=article&id=19%3Asobibor&catid=2%3Alivres&Itemid=8 consulté le 7/04/2014

Je viens tout juste de terminer le livre



Que dire ? Comment en parler ? Je dois avouer qu'après cette lecture, je reste perplexe. Je ne pense pas pouvoir classer ce livre dans le top dix de mes lectures favorites ( je suis réfractaire à tous les livres traitant de près ou de loin au thème de la guerre) mais....je lui reconnais un trait percutant...

Tout au long de ma lecture, je n'ai pu m'empêcher de penser à l'ouvrage de Robert Merle "La mort est mon métier". Je l'ai lu en 5e secondaire , l'histoire n'est donc plus de première fraîcheur dans mon esprit mais je me souviens d'un homme travaillant dans les camps, tout comme Jacques Desroches, du côté des allemands.

Deux points de l'histoire m'ont frappé :


- La relation entre l'Histoire et l'anorexie-boulimie de Emma. L'idée est là mais je ne suis pas client. Je pensais qu'elle attribuait sa maladie (car oui, c'est une maladie, on ne le dira jamais assez) à sa relation avec Julien qui la trouvait un peu ronde. Elle a donc décidé de perdre du poids...de la mauvaise manière....

Ensuite, j'attribuais le problème au concept de l'adolescence. La jeune fille qui refuse de prendre du poids, d'être différente, qui veut plaire, ressembler aux canons de beauté,.... j'ai presque envie de dire que c'est normal dans le sens où, on sait déjà que ça existe et c'est compréhensible (notre société ne valorise pas vraiment les personnes affichant des rondeurs). Mais attribuer soudainement la maladie à la 2e Guerre-Mondiale et plus précisément à l'histoire de ses grands-parents, c'est un peu fort de café.
Comment pouvait-elle développer une réaction contre une cause encore inconnue ? (Sa maladie a commencé AVANT de trouver le journal , AVANT de perdre sa grand-mère....)

-Le procès du grand-père (donc, de Jacques Desroches). J'ai lu d'une traite cette partie du récit. Je ressentais en moi toute la colère que pouvait éprouver Emma. J'avais ce sentiment oppressant de devoir le juger et le condamner pour son passé. Je pense que c'est ce passage qui m'a le plus marqué. On aurait dit que l'auteur faisait passer une sorte de message, crachait son venin contre un crime impuni.
Je vais donc fouiner un peu pour en apprendre plus sur cette personne qu'est M. Molla et voir s'il n'a pas un lien avec la guerre ou le génocide juif.



Jean Molla et mes réflexions

Jean Molla, né en 1958 à Oujda au Maroc, est un auteur français de littérature d'enfance et de jeunesse.





Jean Molla a fait des études de lettres à Tours et à Poitiers puis, un peu par hasard, des études de tourisme. Il a été successivement apiculteur, professeur de guitare classique et guide dans un musée pour finalement devenir professeur de lettres. Après avoir enseigné dans de nombreux établissements de la Vienne et du Nord de la France, il exerce aujourd’hui dans un collège de ZEP,à Poitiers.

Ce n’est qu’en 2000 que Jean Molla a commencé à écrire, juste avant la naissance de son fils, Noé.                                                source: http://www4.fnac.com/Jean-Molla/ia407719




Donc là, mon monde s'écroule. Je suis peut-être dans une phase de drame aujourd'hui mais je me sens un peu trahi... Je pensais que cet auteur avait au moins eu un rapport avec la 2e Guerre-Mondiale pour pouvoir en parler et surtout, juger les faits mais non.... (je n'ai retranscrit qu'un des articles que j'avais consultés)



J'ai aussi lu que Jean Molla avait écrit plusieurs genres de récits notamment du fantastique avec Le portable noir .  Je n'ai pas la prétention de pouvoir critiquer son livre ni ses idées mais je trouve un peu présomptueux de parler d'un sujet aussi dense, avec autant de violence moralisatrice (on assiste quand même au suicide-coupable d'un homme sans aucune émotion de la part de sa petite-fille car elle pense avoir rendu justice) si on n'est pas acteur de cette partie de l'Histoire.




Je sais que j'effraye peut-être mon lecteur : Il est fou celui-là ?! Il ne se rend pas compte de la guerre ! Bien sûr que l'homme est coupable ! Il fallait qu'il paye ,.... !
Inutile de monter sur de grands chevaux, je sais que les guerres sont un fléau pour l'humanité.Je sais aussi qu'il y a des coupables et des personnes qui subissent. Je sais que ce sont des crimes horribles qui ont été commis et que toute malveillance doit être punie.
MAIS ce que j'ignore c'est la manière dont moi je me serais comporté à cette époque. Si j'avais été du côté des "gentils", me serais-je battu ou aurais-je fui pour mon propre salut ?
Et si j'avais été du côté des "méchants", aurais-je été endoctriné ? Si oui, aurais-je été coupable entièrement ? Aurais-je admis mes torts ? Si .....
Bref, ce que je souhaite exprimer ici, et ceci ne regarde que moi, je comprends tout à fait que mon point de vue ne soit pas partagé, c'est que je ne me sens pas apte à condamner le mal.
Je ne suis qu'un être humain qui réagit à son environnement et à sa propre histoire (oui mesdames et messieurs, je suis pour le déterminisme). Je ne pense pas qu'il faille tout nuancer, tout accepter. Mais moi, je ne me sens pas de taille pour regarder quelqu'un et dire : Tu es seul coupable.
Pour moi, le problème de cette guerre a été la présence d'Hitler mais s'il n'avait pas été là, il y aurait peut-être eu une autre personne... Mais c'est un autre débat.
Maintenant, je suis tout à fait conscient du devoir de mémoire et qu'il faut veiller à ce que ça ne se reproduise plus jamais. C'est pourquoi, je pense que faire lire ce livre à l'école serait une bonne chose mais à un public beaucoup plus âgé que les classes du premier degré inférieur.




La mort est mon métier-Robert Merle - Sobibor




Date de publication : La mort est mon métier : 1952
                                     Sobibor :  2003

Auteur : La mort est mon métier : Robert Merle
              Sobibor : Jean Molla


Le personnage :  Rudolf Höß (son nom de famille devient Lang dans le récit) , il était le commandant du camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz pendant la Seconde Guerre mondiale.


Nous avons ici une équivalence avec Jacques Desroches qui travaillait aussi dans le camps de Sobibor.

Robert Merle et Jean Molla utilisent le journal intime pour relater les dires des deux protagonistes.


Le lieu : Auschwitz (camp de concentration-d'extermination en Pologne) et  le camp de Sobibor (camp de concentration puis d'extermination en Pologne également).

Leur mission : exterminer, veiller au bon fonctionnement du camp.

Ressenti moral : Aucun des deux personnages ne se sent coupable de ce qu'il s'est passé. J.Desroches préfère se suicider et attribuer ses fautes à sa recherche du bonheur alors que Rudolf Lang se dit responsable par la faute d'Hitler. Il a été abandonné par celui-ci le laissant seul responsable (puisque Hitler se suicide avant d'être capturé). Rudolf accepte son poste de chef et plaide coupable pour tout. Mais aucun des deux personnages ne dit qu'il regrette ses actions.

Le déroulement : Dans Sobibor, nous plongeons dans le récit, tout est déjà lancé. Le camp est déjà créé, le récit parle surtout de la relation entre Jacques au sein du camps avec la jeune serveuse polonaise , Anna.
A contrario, dans La mort est mon métier, nous découvrons la naissance du camp et l'installation des douches visant à exterminer les juifs. En commençant par le monoxyde de carbone d'un camion à un composant chimique, les cristaux de Zyklon B.  Rudolf Lang gravit les échelons pour finir par commander le camps alors que Jacques Desroches est présent dans le camp mais ne fait que compiler des données pour ses supérieurs.

Public : Le livre Sobibor serait plus pertinent pour un public jeune car le récit de l' Histoire n'est qu'une mise en abime dans le récit d'Emma. On touche donc à un sujet dense mais sans s'y noyer.
A l'inverse, le livre de Robert Merle est destiné à des adultes car les crimes contre l'Humanité sont décrits sans langue de bois et peuvent choquer les jeunes lecteurs. Les deux livres que j'ai eus en main sont issus de la collection Folio.


1 commentaire:

  1. Les causes de l'anorexie d'Emma sont multiples… le secret, le poids le l'incompréhension est parfois source de bien des maladies.
    Attention : "Seconde guerre mondiale", corrige les erreurs.
    Je ne suis pas d'accord avec toi Sébastien, il s'agit de la liberté d'un auteur d'écrire sur ce qu'il veut. De plus, il y a eu prise indéniable d'informations. Le récit est documenté, il ne s'agit donc pas d'imposture. Molla ne dit jamais écrire un témoignage, mais une fiction, et si les auteurs (à l'heure où les témoins de la Shoah disparaissent) ne 'fictionnalisent' plus sur ce sujet… il s'éteindra, simplement. Et l'intérêt des jeunes générations avec.

    Bonne comparaison.

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